MAX
Il y a deux ans, le lutin Jay Kay faisait rigoler l'industrie du disque.
Aujourd'hui sa voix soul et ses funks impeccables assenent un message ecolo et libertaire sur toutes les ondes.
Comme Madonna qui s'est hissee au sommet du show-biz grace a ses bretelles de soutien-gorge, Jamiroquai, c'est a dire Jay Kay,
l'ame du groupe, a beaucoup travaille du chapeau. En l'occurance, d'une enorme boule de poils synthetiques de laquelle emergent
deux cornes de bison. Le nom du groupe marie Jam - la rencontre musicale en langage jazz - et iroquois,
peuple indien assassine au nom duquel le chanteur d'acid jazz le plus populaire du moment exprime son ressentiment.
"Je portais deja ce chapeau avant de signer chez Sony. Quand je trainais dans les clubs, il a permis une identification du groupe et de cette petite silhouette en ombre chinoise qui le represente. Et le gros avantage d'avoir un chapeau enfonce jusqu'au yeux c'est que
sans lui, les gens ne me reconnaissent pas!" A 24 ans, Jay Kay, le rejeton surdoue d'une chanteuse de jazz et d'un pere portugais,
est Jamiroquai a lui tout seul. Chanteur, compositeur, porte-parole volubile et teigne a ses heures, il est apparu en surfant sur la crete de la vague acid jazz anglaise. Son contrat mirifique pour huit albums avec Sony Music suscita, il y a deux ans, bien des commentaires moqueurs. Rira bien qui rira le dernier... Le premier album affiche aujourd'hui 2,5 millions d'unites ecoulees, dont 250 000 en France.
Le second, The Return Of The Space Cowboy, vient de passer la barre des 100 000 exemplaires vendus, en deux mois a peine.
Max... Tu n'aimes pas les medias, je crois.
Jason Kay... Je prefere encore les journaux francais aux anglais. Ils sont moins cyniques vis-a-vis de mes revendications,
de mes chansons. Ils sont moins preoccupes par la mode. J'ai des relations tres difficiles avec les medias anglais.
Je n'ai pourtant dit qu'on est le meilleur groupe du monde... Enfin, on n'a rien a voir avec les merdes pre-fabriquees qui
encombrent les hits. Tout ce que j'ai a dire aux journaux anglais, je peux l'exprimer avec mon majeur tendu!
Max... Des journalistes francais ont aussi ete confrontes a ton humeur changeante...
Jason Kay... Je peux etre agressif si on me provoque. Je suis vraiment un garcon cool... mais quand on me balance la
cinq centieme question sur Stevie Wonder, l'ecologie ou les blancs qui piquent la musique des noirs, je n'en peux plus.
Ces journalistes me fatiguent : ils ne font que se copier les uns les autres. Alors, je ne leur donne plus d'interviews.
Max... Tu emportes toujours un sac de voyage digne d'un VRP de la marque aux trois bandes.
Aurais-tu signer un contrat d'endorsement avec Adidas?
Jason Kay... Je dois etre pour quelque chose dans le succes actuel des Gazelle... Ils m'en donnent quelques paires, mais rien a cote de ce
que j'achete! Mon reve c'est qu'il me refilent leurs vieux catalogues et qu'ils me laissent decider quels modeles il faut reediter!
Maintenant, j'ai ma marque de fringues, Orenda ("Horrible en italien", ajoute-t-il en explosant de rire).
Des fringues naturelles, avec mon logo, le petit bonhomme a tete de buffalo. Je ne vais pas sauver la planete a moi tout seul,
mais au moins j'agis : un pourcentage des ventes va a Greenpeace.
Max... Tu milites aussi pour le cannabis?
Jason Kay... J'ai eu des problemes en Italie avec les "Meres Catholiques Contre Le Rock", elles m'ont surnomme "Il Diavolo"
parce que je suis monte sur scene avec un joint. C'est ridicule, les temps et les generations changent, l'information circule vite.
Qu'est-ce qui permet a des politiciens de dire a la jeunesse ce qu'elle doit faire? Ils parlent de quelque chose qui ne connaissent pas.
Alors, si tu n'as pas fume, comment peux-tu en parler? Et si tu as fume, qu'est-ce que tu fous au gouvernement?
